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Entretien avec … Katalin Lhomme, Présidente de la FCPE des Hauts-de-Seine

Katalin Lhomme est adhérente de la FCPE depuis 2009 et Présidente de la FCPE 92 depuis juin 2021. En ce début septembre, elle revient sur cette rentrée dans les Hauts-de-Seine en répondant à quelques questions de notre part.

Pouvez-vous nous dresser un constat de la rentrée dans notre département ?

Le constat est assez mitigé. Globalement, la rentrée ne s’est pas trop mal passée, mais nous avons des retours terrain qui nous alertent sur plusieurs problèmes.

Le premier est un nombre très élevé de non-affectations d’élèves, principalement dans le secondaire. Ce n’est pas une surprise puisque nous le pressentions depuis début juillet. La situation est grave : des lycéens qui habitent les Hauts-de-Seine n’ont pas de place dans leur lycée de secteur pour poursuivre leur scolarité.

Je désigne aussi bien les non-affectations, que les affectations qui ne conviennent pas pour de multiples raisons (demande de dérogation pour dispense médicale, ….). Cette situation empire d’année en année.

Il y a également des manques de professeurs et d’enseignants. La direction académique a tous les chiffres mais elle ne nous les communique pas. Notre réseau d’adhérents en revanche nous fait remonter des absences dans tout le département : Asnières, Bois-Colombes, Chaville, Issy-les-Moulineaux, Vanves, Vaucresson….

Nous savons par exemple que nous manquons de professeurs de technologie dans plusieurs établissements.

Il manque également des infirmières scolaires, mais malheureusement, ce n’est pas une nouveauté. Tout comme des AESH (accompagnants d’élèves en situation de handicap) pour lesquels nous n’avons pas encore toutes les remontées sur les besoins non satisfaits.

L’enjeu porte également sur le manque de places dans les lycées du fait du manque de constructions de bâtiments. J’habite Malakoff et je sais que dans le Sud du département cela devient compliqué de pouvoir trouver suffisamment de places pour les élèves.

En conclusion, la directrice académique nous a assuré et s’était engagée à ce qu’il y ait une place pour chaque élève et un professeur dans chaque classe à la rentrée. Pour le moment le contrat n’est pas rempli.

Vous avez pourtant alerté le rectorat et les élus depuis plusieurs mois, comment expliquez-vous que votre appel n’ait pas été entendu ?

L’alerte a été donnée depuis plus longtemps que cela ! On le sentait sur le terrain ces dernières années lors des absences prolongées d’enseignants qui n’étaient pas systématiquement remplacées.

Au premier degré, les élèves étaient dispersés dans les classes, mais c’est devenu impossible avec la pandémie.

Et au secondaire, les élèves n’ont simplement pas cours dans la matière concernée.

Job dating, recours accru aux contractuels… quel regard portez-vous sur les pratiques du rectorat ?

En tant que parents, nous voulons des professeurs et un personnel encadrant qui soient formés.

Nous nous étonnons surtout du manque d’anticipation, du côté « dernière minute », pour une situation déjà bien connue de tous et que nous alertons depuis longtemps.

Des recrutements, c’est très bien, mais la formation de ce personnel est très importante.

Quelques mots sur nos cantines scolaires ?

Il faut distinguer les cantines scolaires dans les écoles élémentaires qui sont gérées par les communes et les cantines dans les établissements secondaires pour lesquelles nous avons un regard. Nous travaillons notamment pour les collèges avec le département qui a fait un nouvel appel d’offre et a retenu 2 prestataires. Nous attendons quelques semaines avant de pouvoir faire un retour terrain probant.

Quelles sont selon vous les grandes priorités en cette rentrée dans notre département ?

Nous avons déjà évoqué plusieurs points auxquels s’ajoute le problème d’affectation dans les sections technologiques (STMG) en lycée pour lesquelles il y a une hausse de la demande mais pas de création de classes. Il en résulte des non-affectations et des classes qui dépassent les 30 élèves. Or c’est un véritable enjeu, à tous niveaux de la scolarité, tant pour le personnel enseignant qui doit pouvoir enseigner dans de bonnes conditions, que pour les élèves qui ont besoin d’encadrement.

Il est inscrit dans le code de l’éducation que tous les élèves ont le droit d’être dans un établissement. Il y a 2 ans, nous, la FCPE 92, nous avons accompagné des parents qui ont saisi le tribunal administratif pour leurs enfants, redoublants en terminale qui n’avaient pas d’affectation. Le tribunal nous a bien sûr donné raison !

Je trouve cela dommage que l’on doive en arriver là, alors que c’est le droit des enfants de suivre une scolarité dans un établissement proche de son domicile.

En parallèle, depuis plusieurs années, des lycées en REP (réseau d’éducation prioritaire) souffrent de trop grands effectifs. C’est par exemple le cas du lycée Galilée de Gennevilliers qui lance déjà un appel à la grève.

Il y a également des établissements qui n’ont pas de professeurs depuis plusieurs années. C’est le cas du collège Pompidou à Villeneuve-la-Garenne où nous accompagnons des parents dans une action en justice face au manque récurrent de professeurs de technologie.

Au final, le vrai danger vient du cumul des absences : les programmes pas étudiés, les lacunes qui s’accumulent… cela engendre des inquiétudes chez les parents et les enfants.

Par ailleurs, je tiens aussi à souligner la grande vigilance et attention que nous portons au lycée Erea Toulouse-Lautrec de Vaucresson pour lequel il y a un besoin accru d’adultes. La région a aussi une part de responsabilité dans ces problèmes de recrutements qui entraînent des conséquences immédiates sur l’organisation de cet établissement.

Enfin, dans de nombreuses situations, le problème vient également de la détresse des parents qui nous sollicitent car ils ne peuvent pas appeler les services de l’Education Nationale. Le contact ne pouvant désormais se faire que par mail ou message, il manque un vrai sens de l’humain.

Pensez-vous que la nomination du nouveau Ministre de l’Education est une bonne chose ? Qu’en attendez-vous ?

A ce jour, nous ne voyons pas encore de différence mais nous espérons vraiment que les choses soient entendues ! D’après les annonces, le budget de l’Education Nationale doit être augmenté, c’est déjà une bonne chose. Ensuite, nous allons voir dans quelle mesure ce sera bénéfique sur le terrain. Pour nous, le plus important, ce sont les actes sur le terrain.

L’Education Nationale publique est très importante et doit être une priorité, cela suppose d’investir davantage.

Propos recueillis le 7 septembre par Cécile Soubelet, SF à la Communication, auprès de Katalin Lhomme, que nous remercions pour sa disponibilité.

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