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De la dissimulation… au réveil brutal ?

De l’Autriche à la Lettonie, de la Slovaquie à la France, de la Suède à, bientôt sans doute l’Italie, depuis 5 ans, des partis politiques nationalistes et/ou d’extrême-droite, se réclamant ou non comme tels, accèdent au pouvoir au sein de coalitions ou à une représentation massive au regard de leur marginalité passée dans les pays membres de l’Union européenne.

Ce, alors même que l’Union européenne et ses Etats membres n’ont jamais fait preuve d’autant de solidarité et d’unité, d’abord confrontés au Brexit, puis à la pandémie de la Covid, et désormais à la guerre en Ukraine et à la crise énergétique, inflationniste et climatique.

Nous avions pourtant tourné le dos aux empires bâtis sur la force, aux conflits armés entre nos pays et nations rongés par le nationalisme, pour construire une organisation politique fondée sur le droit, l’Union européenne, au service de la paix et de la prospérité. L’actuelle dérive nationaliste résonne ainsi comme un échec ou à tout le moins une forme d’impuissance.

Certes, il faut être à l’écoute des citoyens, électeurs, et entendre leurs doléances. C’est d’abord la mission première de tout exécutif et de la représentation parlementaire. Ce doit être une obsession pour la Gauche si elle veut reconquérir le pouvoir de faire. Pour autant, cela ne peut lui servir d’unique boussole. La Gauche de gouvernement a et doit avoir l’ambition de montrer la voie, de proposer de nouveaux droits de manière avant-gardiste, de rappeler sans cesse l’impérieuse nécessité de défendre nos valeurs humanistes et de solidarité sans lesquelles la vie en société n’est pas possible, à rebours du dévoiement des sociaux-démocrates danois.

En Allemagne, c’est le recul des Conservateurs et de la Gauche radicale qui a permis la victoire de la Gauche social-démocrate de gouvernement, mais aussi le « décentrage » de cette dernière, tout comme, a contrario, c’est la dérive centriste du Parti Démocrate italien, précurseur du « macronisme », qui a précipité l’affaiblissement de la Gauche de gouvernement. En Suède également, le recul de la Gauche contestataire a permis au Parti social-démocrate de demeurer le 1er parti du pays, mais dans l’incapacité de gouverner face à l’alliance des droites conservatrice et extrême. En France, les formations politiques radicales de Gauche et de Droite ont alternativement bénéficié, dans une forme de porosité d’un tour à l’autre, du vote de colère et de rejet des électeurs, lorsqu’ils ne se sont pas réfugiés dans l’abstention.

Il nous faut pourtant marteler qu’il n’existe pas de « peuple » unanime, pas plus que la foule, synonyme de force, voire de terreur, ne saurait représenter une majorité imposant sa ligne de manière autoritaire à la minorité. De ce point de vue, le populisme est une impasse démocratique et l’antichambre des régimes autoritaires, voire fascistes.

Il en va des partis d’extrême-droite comme des islamistes : ils ont compris qu’il fallait policer leurs propos et propositions, afin d’intégrer le système politique par la démocratie jusqu’à conquérir le pouvoir, majoritaire. Hier foncièrement europhobes, ils ont choisi d’utiliser la démocratie pour changer le cours de la construction européenne de l’intérieur, dans un sens souverainiste.

Souvenons-nous pourtant, alors que les derniers survivants de la seconde guerre mondiale disparaissent, qu’Hitler est parvenu au pouvoir par les urnes, que la banalisation de l’extrême-droite peut conduire au régime de Vichy ou encore que la dérive autocratique de Erdogan en Turquie est venue donner raison à ceux qui lui prêtaient un « agenda caché » lors de l’arrivée au pouvoir, en 2002, de son parti dit « conservateur-musulman », l’AKP, présenté comme le pendant de la « CDU » chrétienne-démocrate allemande. La mémoire et l’Histoire doivent être entretenues et enseignées sous peine d’un réveil brutal, en particulier pour la Gauche de gouvernement, au terme des 2 mandats du Président Macron…

Chérissons et défendons les libertés publiques, mais aussi les acquis sociaux, dont nous profitons avant de devoir résister et d’avoir à se battre au prix du sang pour les retrouver.

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