Revivez le discours d’Anne Hidalgo à la halle Martenot à Rennes le 11 mars.
Le discours d’Anne Hidalgo
– Seul le prononcé fait foi
Bonsoir Rennes !
Merci d’être là, toujours là, même quand les temps sont difficiles !
Merci à Jean-Luc, à Loïg et à Nathalie qui nous accueillent dans cette belle ville de Rennes.
Ma première pensée va à ce peuple ukrainien qui avait conquis sa liberté et qui vit maintenant sous les bombes de Poutine. Il se bat à armes inégales contre un ennemi cruel et sanglant.
Les civils vivent maintenant au rythme des combats, des explosions, des alertes aériennes, de l’exode sur les routes d’Europe. Poutine détruit des villes, il décime des villages, il attaque même des écoles.
Le 24 février 2022, le monde a changé. Le 24 février 2022 est plus qu’une date, c’est une césure.
Le jour où Poutine a lancé ses chars et ses missiles contre l’Ukraine, chacun a compris qu’un nouveau chapitre s’ouvrait dans l’histoire de l’humanité et le cours de l’Europe.
L’impensable est arrivé : la guerre renaît au cœur de notre continent après des décennies de paix. L’Europe est ce vieux continent de guerres où la paix est une jeune conquête.
De ce moment de bascule de l’histoire, il est de mon devoir de candidate à la présidence de la République, de femme d’État, d’en décrire les contours pour en tirer les leçons pour l’action.
Notre premier devoir est d’organiser l’accueil des centaines de milliers de réfugiés civils qui doivent fuir les bombes et les missiles.
Et je veux vous dire ma fierté de voir que, dans notre pays, l’équipe de France des maires et des élus qui m’entoure est au premier rang pour leur accorder asile dans nos villes.
Vous avez su dans un temps record, trouver des places d’hébergement, organiser la collecte, le stockage et l’acheminement des dons, ouvrir les écoles aux enfants et en décidant de l’aide humanitaire. Bravo à Nathalie Appéré ! Bravo à Martine Aubry ! Bravo à Johanna Rolland, ma directrice de campagne ! Bravo à Michaël Delafosse ! Bravo à tous de servir si bien notre tradition d’accueil et notre idéal de fraternité ! C’est notre histoire et notre honneur !
Vadym Boïtchenko, le maire de Marioupol, qui organise la résistance avec les habitants, avec un courage qui force l’admiration, m’a dit hier : « Anne, dis leur, dis leur en France, qu’il ne faut pas nous abandonner. Il faut que vous soyez là ! Nous sommes européens, il nous faut des couloirs humanitaires pour évacuer les femmes et les enfants ». Vadim, si tu nous entends, là-bas, dans ta ville assiégée et bombardée, si le peuple ukrainien nous entend, nous vous disons : « nous sommes là » !
Nous sommes-là pour accueillir et demander une amplification du mouvement d’accueil partout en France. C’est le sens de l’appel que nous avons lancé à Montpellier. Plus de 500 élus de gauche l’ont déjà signé. C’est la demande que je formule à nouveau ici, d’une coordination, européenne, de l’accueil, en fonction des capacités d’accueil et des choix de destination des réfugiés.
Nous sommes-là, aussi, pour soutenir sans réserve toutes les décisions françaises et européennes qui aident la résistance ukrainienne ; l’application de sanctions économiques sévères contre l’agresseur ; l’interdiction de déplacement des oligarques et la saisie de leurs avoirs ; et oui, aussi, la livraison d’armes aux combattants de la liberté en Ukraine !
Et nous sommes là, aujourd’hui, pour demander d’aller plus loin !
A la folie guerrière de Poutine, nous devons répondre !
C’est au portefeuille qu’il faut frapper plus fort. Les revenus pétroliers et gaziers représentent 30% des ressources budgétaires de la Russie. Alors, il est temps de mettre fin, en Europe, à nos importations de pétrole et le gaz russe comme les Etats-Unis et le Royaume-Uni l’ont décidé en début de semaine. Même si cela nous demandera des sacrifices, et il faudra donner quelques semaines de plus aux pays les plus dépendants du gaz russe, le dictateur du Kremlin doit payer le prix de son agression.
Loin des oukases insensés qu’il ne cesse de brandir au détriment de la paix dans le monde et des intérêts réels de son peuple, il doit comprendre qu’il n’y a qu’une issue pour son pays : le cessez-le-feu et le retour à une négociation franche et équilibrée.
Nous ne combattons pas le peuple russe, avec qui nous voulons entretenir nos anciens liens d’amitiés, scellés au cours des deux grandes guerres du XXème siècle.
Nous ne combattons pas la Russie de Pouchkine, de Tolstoï, de Dostoïevski, de Grossman, de Rostropovitch ou de Sakharov. Nous combattons Poutine, cet apprenti tsar qui la défigure, la tyrannise et l’emmène vers le désastre !
Car il ne faut pas se tromper de combat. Cette guerre est une guerre contre la liberté.
Ce qui oppose l’Ukraine et la Russie aujourd’hui, c’est le choc des systèmes politiques. Une démocratie d’un côté – imparfaite comme toutes les démocraties – et de l’autre, une dictature fondée sur le pouvoir d’un homme seul, sur l’exaltation d’un nationalisme hors d’âge, sur la répression des opposants, bien plus nombreux qu’on ne croit, sur le contrôle de la culture et l’étouffement de l’information libre, en un mot, sur la nuit de l’esprit !
Regardons les coalitions en présence ! D’un côté, pour l’essentiel, les démocraties du monde, de la Suède au Japon, des pays baltes au Canada ; et, de l’autre, la coalition des tyrans, ces dictateurs de Russie, de Biélorussie, d’Ouzbékistan, d’Iran, de Corée du nord ou de Syrie, tous déterminés à opprimer les peuples et à mener une politique agressive et dangereuse.
Nous vivons le nouvel épisode du long combat de la liberté contre l’oppression.
La liberté parle aux peuples du monde et recrute ses partisans sous toutes les latitudes. C’est une valeur universelle, indépendante des identités. C’est, en particulier, celle de la France, patrie des droits humains et de la République, qui doit défendre, au premier chef, avec ses alliés, la cause des démocraties.
Mes amis,
Le message universel de la France nous oblige. Nous soutenons donc le peuple ukrainien, agressé par un tyran. Mais nous devons aussi nous préparer à affronter le nouveau chapitre de cette longue histoire.
L’urgence, c’est le renforcement de l’Union européenne, pour laquelle les sociaux-démocrates du continent ont œuvré. Passionnément. Inlassablement. Utilement.
L’Europe démontre dans la crise son unité, sa volonté de devenir une puissance sur l’échiquier mondial, sa détermination à défendre ses valeurs humanistes de liberté et de justice.
Elle doit resserrer ses liens, coordonner au mieux son action diplomatique, économique et militaire pour retrouver le chemin de la paix sur le continent.
De Léon Blum à François Mitterrand, de Jacques Delors à Lionel Jospin et François Hollande, les socialistes français ont toujours œuvré pour l’Europe, pour son indépendance et pour sa cohésion. Je revendique cet héritage et je veux poursuivre leur lutte historique.
Il faut franchir maintenant un nouveau cap, affermir l’unité politique de l’Europe et jeter des bases d’une défense commune.
Présidente, je favoriserai avec énergie la mise en partage de notre outil de défense, la recherche et la construction d’armements adaptés aux nouveaux défis, notre cohésion stratégique et notre volonté commune de protéger les peuples du continent.
Présidente, avec nos amis sociaux-démocrates qui montrent, à la tête de nos grands pays partenaires, force et hauteur de vue, je militerai ardemment, dans la tradition socialiste, pour la sécurité collective, pour l’action des organisations internationales, pour un désarmement nucléaire équilibré, pour que l’Europe devienne cet acteur qui compte pour la paix mondiale et la sécurité de tous. Pedro, Olaf, Antonio, mes amis, vous pourrez compter avec moi comme je sais pouvoir compter sur vous pour porter haut, ensemble, notre idéal européen !
Mais je serai, tout autant, inflexible dans la défense des peuples libres à travers le monde, contre le terrorisme ou l’impérialisme autoritaire, pour prévenir cette immense régression que serait la progression archaïque des tyrannies de la planète contre les démocraties.
En ce 11 mars, journée de commémoration des victimes du terrorisme, je ne peux pas oublier toutes celles et ceux qui ont été frappés, tués, mutilés par des terroristes armés de haine et de fanatisme islamiste ces dernières années, à Charlie Hebdo, au Bataclan, à Nice, à Montauban, à Toulouse, à Saint Etienne du Rouvray et tant d’autres…
L’Europe est un continent de paix. Pour le rester, elle doit s’armer militairement, mais aussi lutter, avec la même force, contre les inégalités et le réchauffement climatique. A notre politique internationale doit s’ajouter, et c’est mon combat, la promotion d’une véritable diplomatie climatique.
Les guerres ont des causes et il en est une qui va inéluctablement monter en puissance dans les années qui viennent : le réchauffement climatique, qui, comme le GIEC vient de la rappeler avec force, cher Jean JOUZEL, menace l’avenir de l’humanité et provoquera nombre de conflits à travers le monde, pour l’eau, pour la terre, pour l’espace restreint par la sécheresse et les catastrophes météorologiques.
Je ne peux que constater dans ce domaine l’échec dramatique du quinquennat Macron.
Comment d’ailleurs aurait-il pu prétendre à un quelconque magistère alors même qu’il n’a pas lui-même tenu nos engagements nationaux en matière de transition écologique ? Alors que le temps nous manque déjà, le quinquennat Macron a été avant tout cinq ans de perdu. Au mandat de l’inaction climatique sanctionnée par le Conseil d’Etat, devra succéder un mandat de la responsabilité, de la détermination et de l’action !
Je le dis ici, à Rennes : je mettrai toute mon énergie dans la lutte contre la hausse des températures à l’échelle mondiale. Je proposerai un Sommet Paris+10, dix ans après le succès de la Cop21, pour rehausser les ambitions des États, des organisations de la société civile, des acteurs de la finance et du secteur privé. Nous sommes le pays qui a permis l’Accord de Paris en 2015, je reprendrai le flambeau !
Nous ne pouvons pas nous permettre d’attendre car les effets du dérèglement climatique déstabilisent déjà les États. Je parlais du pétrole et du gaz tout à l’heure. Les amis, nous n’en serions pas là si la transition énergétique avait été au rendez-vous !
Alors nous mettrons fin à notre dépendance aux énergies fossiles, sans tomber dans celle à l’uranium nécessaire au nucléaire qui ne peut être qu’une énergie de transition, en nous tournant vers la seule réelle indépendance énergique, celle des énergies renouvelables !
Oui, nous sommes attendus, oui nous serons au rendez-vous !
Mes amis,
Cette politique étrangère, hissée à la mesure des enjeux, doit s’appuyer sur un pays redressé, une nation forte et unie, des valeurs portées sans faiblesse ni hésitation.
C’est pourquoi ce conflit, quelle que soit son importance, ne saurait entièrement occulter la campagne en cours.
Nous devons décider ensemble de l’avenir du pays pour cinq ans.
Selon les choix que nous ferons, la France jouera bien ou mal son rôle sur la scène internationale, tout comme elle se redressera ou non, elle prendra ou non la voie de la transformation républicaine, sociale et écologique.
Cela mériterait bien un débat, non ? Et bien le président sortant ne veut pas débattre ! Mais la République, ce n’est pas la monarchie et l’élection ce n’est pas le sacre de Reims ! Il est quand même étonnant d’avoir pour slogan « avec vous » et dès qu’il est question de débattre, de dire c’est « sans moi ! ».
Sans doute ne veut-il pas que nous parlions de son bilan, ce quinquennat qui devait moderniser le pays mais l’a surtout déchiré. La France est malmenée, divisée, affaiblie, ce qui angoisse son peuple et l’entrave dans son action internationale.
Il promettait de rassembler électeurs de droite et de gauche mais les a trompés par une politique qui a eu pour seule boussole : occuper le pouvoir et le conserver au service d’une élite auto-proclamée, quoi qu’il en coûte ! Ce pouvoir a une réalité, celle d’un libéralisme hors d’âge.
Pouvons-nous encore 5 ans avoir une vie politique, dominée par un parti hégémonique et sûr de sa supériorité, surplombant une armée de députés godillots, méprisant les corps intermédiaires, face aux deux extrêmes dopés par la crise, extrême-droite et gauche populiste ?
Pouvons-nous encore 5 ans avoir le désordre installé, celui des gagnants de la mondialisation libérale, des privilégiés de la finance et de la rente, des maîtres de ces grands groupes défiant les États, échappant à l’impôt, contrôlant les médias, ordonnant l’action des lobbys, se plaçant au-dessus des citoyens et des lois ?
Imaginons un instant le jour d’après, avec le projet libéral et conservateur du pouvoir en place qui pourrait se développer encore plus librement que jusqu’à présent. Toutes ces réformes de régression tentées depuis cinq ans, nous les subirons sans rémission dans les cinq ans qui viennent !
En commençant par l’âge de la retraite à 65 ans, la première réforme du président sortant s’il venait à être reconduit. Je vous invite à relire sa lettre aux Français. « Travailler plus » : pas même pour gagner plus, ni pour financer les retraites – elles le sont déjà nous dit le Comité d’Orientation des Retraites, le COR -, mais pour payer la crise COVID en préservant les plus riches des efforts à produire.
Qui va payer la crise du COVID et le quoi qu’il en coûte ? Ceux qui en ont bavé toute leur vie, voilà la réponse du candidat Macron. Et bien nous, nous proposons l’inverse : paieront ceux qui ont les moyens, avec le retour de l’impôt sur la fortune, la contribution des très hautes successions et la lutte implacable contre la fraude et l’évasion fiscale. Je le vous le dis : nous préserverons l’âge de la retraite, ce sera 62 ans, pas une année de plus, et nous permettrons les départs anticipés par le retour aux huit critères de pénibilité.
Voilà l’un des enjeux très concret du vote les 10 et 24 avril !
Le « en même temps », slogan hypocrite, c’est l’augmentation du revenu de ceux d’en haut et, en même temps, l’enfermement des classes populaires dans la culpabilité, la précarité, la baisse ou la stagnation du pouvoir d’achat, l’espoir évanoui d’une bonne retraite.
Le « en même temps », c’est la vérité lâchée par un Éric Woerth, qui confesse qu’Emmanuel Macron n’est pas plus à gauche que lui. Oui, quand on se dit « ni de droite, ni de gauche », c’est que l’on est « et de droite et de droite » !
Voilà pourquoi, quand j’ai appris que le président sortant envoyait une lettre « aux français », j’ai pensé qu’il adressait une lettre d’excuse.
Non, mes amis, cet avenir-là n’est pas désirable.
Non, nous ne voulons pas de la fracture du pays entre une élite soi-disant centriste et, en fait, centrée sur elle-même, et une opposition vociférante et impuissante.
Oui, mes amis, il est temps de changer de politique, il est temps de changer de majorité. Et il est temps, pour la France, de changer d’avenir !
C’est pourquoi j’ai fait de cette belle devise – changeons d’avenir – le mot d’ordre de ma campagne !
Mes amis,
Ensemble changeons d’avenir ! Je le dis en un mot, changer d’avenir, c’est construire une France juste ! Pour réunir la France, pour que la France soit forte, pour qu’elle délivre son message au monde, elle doit être juste !
Si j’emploie ce mot, ce n’est pas seulement pour rappeler ce bel idéal qui est le nôtre, cette valeur qui sert de boussole à notre mouvement depuis le début de son histoire, la justice sociale. C’est parce que, je crois que la France n’est grande que dans la justice.
Je le crois parce que je l’ai vécu. Si je révère la République, c’est parce qu’elle fut juste avec moi. Je l’ai déjà dit : à cette République, je dois tout. Parce que cette République a permis, qu’une fille d’immigrés espagnols, cette fille d’étrangers devenus français, cette fille d’un ouvrier et d’une couturière, de recevoir l’éducation qui lui a permis de bâtir sa vie.
C’est parce qu’elle a permis à une femme comme moi d’exercer le beau métier d’inspectrice du travail, et ensuite, élue à la tête de Paris, de diriger sa capitale et de contribuer ainsi à la réforme, à la transformation écologique, et au rayonnement de la France.
Le rêve français, il est là ! Offrir à chacune et chacun des enfants de la République de faire valoir son travail, ses talents, et de gagner sa place au soleil.
Ce rêve même que les duretés d’une économie de marché injuste et d’une société trop hiérarchique obscurcit encore. Cet espoir partagé, cet avenir ouvert à tous, c’est la source du prestige français, c’est le levier du redressement du pays, qui suppose la mobilisation de tous, c’est l’origine du rayonnement de cette nation qui, parmi les premières, a proclamé que l’émancipation humaine était le vrai but des sociétés modernes.
C’est pourquoi, dans ce pays miné aujourd’hui par les inégalités dès le plus jeune âge, à l’école, puis dans le début de leur vie professionnelle, et tout au long de leur carrière, mon adversaire, c’est l’injustice !
C’est pourquoi je veux que notre pays, fort de son passé, change d’avenir, pour sa grandeur !
Changer d’avenir, c’est augmenter d’urgence les salaires pour faire face à la hausse des prix qui ronge le pouvoir d’achat. J’ai porté cette question dès le début de ma campagne, parce que je voyais bien, partout dans mes déplacements, que de plus en plus de gens n’arrivent plus à joindre les deux bouts. Avec la guerre en Ukraine, et la flambée des prix du pétrole, du gaz, du blé, la situation des familles populaires et des classes moyennes est devenue critique.
Alors, si les Français me font confiance, dès le mois de mai, je bloquerai les prix de l’énergie, je baisserai à 5,5% la TVA qui leur est appliquée, j’augmenterai le SMIC de 15% et je demanderai aux partenaires sociaux d’ouvrir des négociations salariales dans toutes les branches professionnelles.
La revalorisation du travail, je la veux matérielle, pour rendre la vie quotidienne meilleure, mais aussi morale, par le respect et la considération due aux travailleurs, par l’extension de leurs droits dans l’entreprise, dont ils sont les chevilles ouvrières. Comme en Allemagne, les salariés deviendront administrateurs à parité avec les représentants des actionnaires !
Changer d’avenir, c’est investir dans l’école et, au premier chef, dans le travail de ses professeurs, qui sont les fantassins de la République, les transmetteurs du savoir sans lequel il n’y a pas de vraie liberté. Ils sont les formateurs de l’esprit civique, sans lesquels il n’y a pas de société unie. De même, le pays doit savoir que devant les menaces de tous les intégrismes, nous ferons respecter sans faiblesse les principes de notre laïcité qui est une loi de tolérance et de liberté religieuse, qui protège aussi la neutralité de l’État et l’intégrité des programmes scolaires.
Changer d’avenir, c’est annuler cette sélection par algorithmes qu’on appelle Parcoursup et qui inflige à nos jeunes l’anxiété d’une sélection impersonnelle. Je supprimerai donc Parcoursup !
Changer d’avenir, c’est instaurer l’égalité des salaires entre les femmes et les hommes, pour qu’il soit mis fin à cette iniquité qui défigure notre idéal de justice. C’est le droit à la sécurité avec plus de policiers sur le terrain et plus de moyens pour la justice. C’est faire leur place à nos aînés, trop souvent relégués, en dépit des services rendus à la société, dans des établissements où l’on manque de bras, réduits à une condition humiliante. C’est le droit à chacun, quand il est accablé par un mal inexorable et trop douloureux, de bénéficier de soins palliatifs accessibles en nombre suffisant et d’exercer dans l’humanité sa dernière liberté, celle de mourir dans la dignité.
Changer d’avenir, c’est prévoir les instruments qui nous permettront d’affronter, dans la justice, la grande affaire du siècle, la mutation écologique. Je veux faire de notre République l’une des premières nations vraiment respectueuses de la planète ! Alors, oui j’instaurerai un impôt sur la fortune dédié à la transition énergétique, en mettant à contribution les plus nantis, qui sont aussi les premiers pollueurs. Alors, oui je créerai un « tiers-payant » logement, qui aidera chacun à financer cette mesure décisive pour le climat, l’isolation massive des habitations dans notre pays. Alors oui, je mettrai sur pieds un tribunal international qui combattra le crime d’écocide.
Changer d’avenir, c’est un nouveau souffle démocratique, des institutions qui font plus de place au parlement comme à l’expression directe des citoyens.
Ensemble, oui, nous changerons d’avenir ! Nous créerons par la réforme patiente et opiniâtre, la République laïque, sociale et écologique à laquelle nous aspirons tous ! Nous mettrons en œuvre, tout de suite, dans la réalité de nos vies, les trois mots de notre devise républicaine, la liberté pour chacune et chacun, l’égalité pour chacune et chacun et la fraternité pour tous !
Mes amis,
Je vous parle franchement, sans détours ni périphrases. Ce programme, peut unir la gauche et les Français.
J’ai proposé en décembre, avec sincérité – d’unir la gauche grâce à une primaire entre nous, à la loyale. Les ambitions et les calculs d’appareil, l’ont rendue impossible. Dans ce premier tour, donc, les électeurs trancheront entre nous. C’est la loi de la démocratie.
Je m’adresse ici à tous ces électeurs de gauche qui sont dans l’expectative, qui écoutent les candidates et les candidats, qui soupèsent les projets, qui évaluent les personnalités.
Leur responsabilité est immense
Au-delà des différences dans les idées ou les projets, ce qui nous distingue à coup sûr de nos concurrents : nous sommes la gauche qui assume les responsabilités pour agir et transformer, notre projet est crédible, sérieux, fait pour devenir réalité et pas pour rejoindre les étagères en attendant la prochaine élection !
Dire ce que l’on va faire et faire ce que l’on a dit : c’est notre culture. Je l’éprouve moi-même à la tête de la mairie de Paris. Tous les jours, je prends les décisions difficiles qu’impose la direction d’une grande ville. J’en connais les servitudes mais aussi les récompenses, quand mon action transforme, pas à pas, la ville et la vie.
Être crédible, c’est financer ses propositions, j’ai demandé à Christian Eckert, ancien ministre du budget, et Valérie Rabault, rapporteure du budget sous la précédente législature, d’y veiller.
J’aimerais en dire autant de nos concurrents, qui ont jeté par-dessus les moulins le simple bon sens budgétaire. Les finances de notre pays sont en difficulté, j’ai donc défini mes priorités et tenu compte des contraintes qui s’imposeront à tout nouveau gouvernement. Je ne gouvernerai pas en me contentant d’ajouter de la dette à la dette. Et j’ai démontré que malgré cela on peut faire beaucoup ! Suffisamment pour que notre peuple vive mieux, pour changer vraiment d’avenir.
Je suis fière d’être l’héritière de cette gauche qui se confronte au réel pour aller à l’idéal, la seule qui ait vraiment mis en œuvre les réformes nécessaires à la justice, la seule qui ait créé les acquis auxquels toute la gauche, désormais, est attachée. Elle l’a fait par une action de gouvernement, et non pas seulement de protestation.
On nous a fait des procès parce qu’on n’aurait pas tout bien fait. Mais on ne fait pas toujours tout parfaitement, et même parfois on fait des erreurs. Mais nous, on a fait qu’il y ait des droits nouveaux et plus de justice sociale. Mais nous, nous avons renforcé l’Etat et décentralisé la France. Nous n’avons pas de leçon à recevoir de ceux qui refusent la réalité du pouvoir et qui restent au balcon en occupant avec une outrance confortable le seul ministère de la parole.
C’est une constante de notre gauche : la gauche réformiste fait des réformes, la gauche protestataire se contente de protester !
Or cette gauche, celle qui ne se résigne pas à la seule opposition, celle qui propose, cette gauche d’action qui met en œuvre les transformations indispensables pour un avenir dans la justice, est toujours là, bien vivante et prête à assumer ses responsabilités !
Les idées, nous les avons.
Le programme, il est prêt.
Les hommes et les femmes capables de gouverner, je les vois autour de moi.
Je pense à Bernard Cazeneuve, soutien précieux, amical et fidèle ; je pense à Martine Aubry, aux élus de la nouvelle génération qui m’entourent, rompue aux responsabilités difficiles, Johanna Roland, Nathalie Appéré, Carole Delga, Loig Chesnais-Girard, Michaël Delafosse ; je pense à nos parlementaires qui préparent les lois de demain…
J’entends des électeurs de gauche qui se résigneraient, à coups de sondages, à un vote que certains veulent qualifier d’«utile».
Je veux leur dire :
Il n’y a pas d’avenir à gauche dans la complaisance avec les dictatures : avec la Russie de Poutine, la Syrie de Bachar El-Assad, le Venezuela de Maduro. Il n’y a pas d’avenir le dos tourné aux droits de l’Homme, à l’Etat de droit, à la laïcité, à l’Union européenne. Il n’y a pas d’avenir dans le populisme et la démagogie.
Il n’y a pas d’avenir non plus à opposer l’écologie et la justice sociale. A l’échelle du pays, comme à l’échelle du monde, les premières victimes du réchauffement climatique, des pollutions, de l’effondrement de la biodiversité se sont toujours et partout les plus pauvres. C’est par la justice sociale que nous ferons triompher l’écologie, et par l’écologie que nous ferons triompher la justice sociale.
Enfin il n’y a pas d’avenir , une fois encore, à faire un vote de 2ème tour dès le 1er tour pour empêcher le pire qu’est l’extrême-droite.
Toujours nous avons fait, et toujours nous ferons barrage à l’extrême droite. Mais il n’y a pas d’avenir à se ranger encore une fois au premier tour derrière une droite libérale incarnée par l’actuel Président, qui va, on le sait déjà, s’attaquer vite et fort aux retraites, à l’école, à l’hôpital, au service public de l’audiovisuel au lieu de le renforcer face aux concentrations médiatiques privées et aux plates-formes américaines, qui continuera de donner toujours plus à ceux qui ont déjà beaucoup en oubliant ceux qui ne cessent de s’appauvrir, qui a supprimé l’ISF.
Qui peut croire que le progrès social passe par gouverner avec tous ceux qu’ensemble nous avons combattus par les idées, dans les assemblées, les Raffarin, Castex, Darmanin, Woerth, Le Maire, Blanquer…
Alors, j’appelle au sursaut !
Quelle que soit l’issue de cette élection, il faudra une gauche qui vous protège, lutte, propose, agit, il faudra que l’espoir de transformation sociale et écologiste soit là, fort, vivant, ouvert, positif, parce qu’il nous faudra ensemble, changer d’avenir.
Oui, la France ne serait pas la France sans la Gauche républicaine et européenne ; la Gauche démocratique, sociale et laïque, que je représente dans cette élection. La France a besoin de cette gauche ! Avec nous, faites la vivre, venez nous aider à la refonder, à l’ouvrir, à lui donner plein de couleurs, à la rajeunir, à la rassembler, donnez-lui de la force en votant pour elle le 10 avril !
Mes amis,
A l’heure où la guerre est revenue en Europe, je me présente à vous avec la force et la sérénité dont je sais faire preuve dans l’exercice des responsabilités, avec la détermination de protéger notre pays, avec l’Europe chevillée au corps, et le souci d’apaiser et d’unir dans la justice sociale.
Dans ce moment, il nous faudra écarter les extrémistes et les haineux, les adeptes du bruit et de la fureur, et les complaisants avec des dictateurs.
Il nous faudra aussi refuser la fatalité d’avoir à être gouvernés cinq ans de plus par le culte du profit !
Il nous faut dire aux citoyens de décider librement de leur destin. Oui, de décider, ils en ont le pouvoir en nous apportant leurs suffrages :
- d’augmenter les salaires pour que le travail paie
- d’instaurer le référendum d’initiative citoyenne pour que le peuple décide ;
- de réinvestir dans l’école pour que nos enfants maîtrisent leur avenir :
- de reconstruire un hôpital où les gens passent avant l’argent ;
- d’ouvrir le droit de mourir dans la dignité, d’assurer vraiment l’égalité entre les femmes et les hommes ;
- de protéger le droit de chacun à profiter pleinement de sa retraite.
Oui, nous pouvons décider, ensemble et maintenant, d’emmener la France vers la réconciliation, le redressement et la prospérité !
Nous pouvons décider, ensemble et maintenant, qu’il est temps de punir le crime d’écocide, qu’il est temps d’une écologie juste et accessible aux familles populaires et aux classes moyennes, qu’il est temps de construire ensemble une Europe juste et forte et qui œuvrera toujours pour la paix.
Rendre possible à chacune et chacun des enfants de la République ce que la République a rendu possible pour moi, voilà le fondement de mon engagement !
C’est en nourrissant ce rêve que la France est devenue une référence dans le monde, qu’elle a gagné le respect des autres nations et fourni à tous les réprouvés de la Terre un exemple et un but.
Et mes amis, je suis cette gauche, cette gauche qui ne se résigne pas à rester dans la protestation, cette gauche des transformations, des solutions, cette gauche d’action qui met en œuvre les réformes indispensables à un avenir dans la justice.
Mes chères concitoyennes, mes chers concitoyens, cette gauche, vous la connaissez. Et elle vous connaît aussi.
C’est la gauche qui est et sera toujours du côté des premiers de corvée.
C’est la gauche qui milite et militera sans relâche pour le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.
C’est la gauche qui mène et mènera le combat du siècle, l’action pour le climat, avec détermination et ferveur.
Car si nous nous battons pour que notre jeunesse ait un avenir, encore faut-il qu’elle ait une planète !
Rien ne nous condamne à l’inaction.
Ils nous disaient déjà que ce serait impossible quand nous nous battions pour les congés payés, la sécurité sociale, quand nous, les femmes, ne demandions qu’à être libres de nos corps et de nos destins. Et pourtant nous l’avons fait !
Changer nos vies : nous l’avons déjà fait et, ensemble, nous pouvons le refaire.
Oui, plus que jamais mobilisons-nous car comme le disait Jaurès « l’histoire enseigne aux hommes la difficulté des grandes tâches, mais elle justifie l’invincible espoir ».
Ensemble, nous, la gauche européenne, républicaine et sociale, nous pouvons faire gagner la France !
Ensemble, nous écrivons une nouvelle page de notre histoire.
Ensemble, nous avons ouvert un nouvel espoir que rien n’arrêtera.
Ensemble, changeons d’avenir !
Vive la République !
Vive la France !