Menu Fermer

L’épineuse – Journal des Jeunes Socialistes : De la nécessité de soutenir le peuple arménien

Publication de l’Epineuse, journal des Jeunes Socialistes (n°3 – août 2024). 

Ce sont 120 000 Arméniens, hommes, femmes et enfants, qui ont été forcés de quitter leur terre ancestrale à l’automne 2023.

Le Haut-Karabakh, Artsakh en arménien, est un territoire de près de 4 400 km2, où vit depuis 2500 ans le peuple arménien. En 1936, Staline (l’Arménie et l’Azerbaïdjan faisaient partie de l’URSS) a donné le territoire du Haut-Karabakh (peuplé en grande majorité d’Arméniens) à l’Azerbaïdjan. En 1988, le parlement de cette région autonome vote l’union de l’enclave à l’Arménie, ce que refuse l’Azerbaïdjan : c’est le début de la première guerre du Haut-Karabagh.

En 1991, les habitants de la région répondent à plus de 99% oui à un référendum pour le rattachement à l’Arménie. En 1994, après plus de de 30 000 morts, un cessez-le-feu est finalement prononcé et la République du Haut-Karabakh est proclamée. Le conflit n’est cependant pas terminé : à défaut d’un accord entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie, les troupes arméniennes restent stationnées dans les territoires du Haut-Karabakh pour prévenir toute invasion.

Le 27 septembre 2020, des bombes azerbaïdjanaises frappent Stepanakert, capitale de la République autoproclamée du Haut-Karabakh. S’ensuit une guerre de 44 jours où s’opposent les forces azerbaïdjanaises, avec leurs alliés turcs ainsi que l’aide de mercenaires djihadistes syriens ainsi que des armes israéliennes, à l’armée arménienne. La République du Haut-Karabakh perd les deux tiers de son territoire, notamment la ville de Chouchi dont la cathédrale est bombardée.

Le 28 octobre 2020, en France, dans les rues de Décines (Lyon) où réside une importante et ancienne communauté arménienne, 250 membres du groupuscule terroriste nationaliste turc des Loups-Gris ont procédé à une chasse à l’homme, pour “tuer des arméniens”.

13 septembre 2022, les bombes azerbaïdjanaises frappent cette fois le territoire souverain de la République d’Arménie ; les villes frontalières sont touchées, une cinquantaine de soldats arméniens sont tués, et 140 km2 du territoire arménien sont toujours occupés aujourd’hui par l’Azerbaïdjan.

12 septembre 2023, des “militants écologistes” azerbaïdjanais bloquent le corridor de Latchin, la seule route reliant le Haut-Karabakh à l’Arménie, empêchant l’acheminement de nourriture et de médicaments ainsi que de toute forme d’aide humanitaire vers les 120 000 habitants du Haut-Karabakh. Même la Croix-Rouge n’était plus autorisée à passer à partir de juillet 2023.

9 mois, 9 mois de blocus, 9 mois de souffrance, de détresse absolue, et 9 mois sans aucune sanction internationale contre l’Azerbaïdjan et sans aucune résolution visant à faire pression pour sauver les 120 000 Arméniens assiégés. Pourtant on y meurt de faim et de manque de soins médicaux, rendus impossibles car manquant de matériel. Pendant le blocus, l’Azerbaïdjan a plusieurs fois privé les Arméniens de gaz en plein hiver.

Le 19 septembre 2023, l’Azerbaïdjan bombarde une population civile affamée, fragilisée, prise au piège, n’ayant même plus le droit de fuir, alors qu’elle est chez elle. Le lendemain, les forces armées du Haut-Karabakh capitulent, déposant les armes sous la contrainte. Et les 120 000 Arméniens quittent leur terre millénaire pour se réfugier en République d’Arménie. Les membres du gouvernement du Haut-Karabakh sont toujours aujourd’hui détenus illégalement en prison à Bakou, capitale de l’Azerbaïdjan.

1915, les plaies saignent encore

La situation actuelle fait tristement écho au génocide des Arméniens de 1915. Rappelons-le, le génocide des Arméniens perpétré par le gouvernement Jeunes Turcs dans l’Empire Ottoman est l’extermination méthodique de 1 500 000 Arméniens. Le 24 avril 1915, près de 600 intellectuels arméniens sont arrêtés puis assassinés ou déportés. Ensuite, la population arménienne de l’Empire est forcée à marcher vers les camps de la mort : on estime qu’environ 1,5 millions d’Arméniens ont perdu la vie du fait des mesures d’extermination turques.

Malgré la reconnaissance d’une trentaine d’Etats, les preuves et le consensus des historiens sur cette question, la Turquie refuse encore de reconnaître et de réparer le génocide arménien de 1915.

Mais un génocide impuni est la porte ouverte à d’autres.

Engager la Turquie dans la voie de la reconnaissance et des réparations du génocide arménien est nécessaire et vitale pour le peuple arménien.

Malheureusement, encore aujourd’hui, les dirigeants turcs et azerbaïdjanais sont dans la continuité idéologique de 1915 et expriment publiquement et sans honte leur hostilité et volonté belliqueuse voire génocidaire.

Nous chasserons les Arméniens comme des chiens et nous les noierons dans leur sang” puis “J’avais dit qu’on chasserait les Arméniens de nos terres comme des chiens et nous l’avons fait”, Ilham Aliyev, président de l’Azerbaïdjan.

Solutions et actions concrète du Parti Socialiste

Les Arméniens du Haut-Karabakh ne sont malheureusement pas les seuls à souffrir.

C’est aussi le cas à Jérusalem, dans la vieille ville, dont le quartier arménien est menacé par des extrémistes israéliens. Les Arméniens sont présents dans la Ville Sainte depuis 1 600 ans mais leur avenir est incertain et menacé.

Il faut absolument prendre des sanctions contre l’Azerbaïdjan, à l’échelle française, européenne et internationale. Dans ce cadre, le Parti Socialiste doit porter des appels, résolutions et propositions de sanctions contre l’Azerbaïdjan. Le Parti Socialiste doit également condamner la signature par Ursula Von der Leyen, le 18 juillet 2022, d’un contrat visant à doubler les importations de gaz azerbaïdjanais vers l’Union Européenne, qualifiant l’Azerbaïdjan de “partenaire fiable”.

Dans un tel contexte, le Parti Socialiste doit se montrer à la hauteur de la situation et adopter une position claire et forte : celle qui promet le retour des Arméniens du Haut-Karabakh sur leur terre, celle qui condamne les violations manifestes du droit international ainsi que les provocations et menaces d’Aliyev, celle qui lutte pour la reconnaissance et les réparations du génocide arménien, celle qui n’oublit pas ses valeurs et son idéal. Celle qui sort du silence et pousse un cri de conscience face au sort tragique du peuple arménien.

Des actions humanitaires et politiques concrètes sont tout à fait envisageables et faciles à mettre en place : une collecte de biens de première nécessité pour les réfugiés du Haut-Karabakh qui vivent dans une grande précarité, l’organisation d’une conférence avec des spécialistes de l’Arménie et du Caucase, une formation des cadres et dirigeants du Parti sur le sujet, la rencontre d’élus du Parti Socialiste et d’élus arméniens.

Pour les martyrs arméniens qu’on oublie toujours, pour les 6 000 soldats arméniens morts en 2020.

Pour Anush Apetyan, violée, torturée et tuée par des soldats azerbaïdjanais en septembre 2022 et dont la vidéo de l’abominable meurtre a été mise en ligne sur Telegram.

Pour les 120 000 Arméniens du Haut-Karabakh forcés de quitter leur terre ancestrale. Pour les 400 000 franco-arméniens qui comptent sur nous !

Parce que nous sommes les héritiers de Jean Jaurès, engagé dès la première heure pour la cause arménienne.

Parce qu’il ne se passe pas un mois sans qu’un monument, une église, un village arménien ne soit rasé, rayé de la carte comme rayé de l’histoire, parce qu’après le Haut-Karabakh soit rasé, rayé de la carte comme rayé de l’histoire, parce qu’après le Haut-Karabakh c’est le reste de l’Arménie qui est menacé.

Alidze Dyrek, JS des Hauts-de-Seine

Pour retrouver les publications de l’Epineuse, cliquet ICI.

Partagez !