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Mutuelle obligatoire à l’Education Nationale : payer plus pour moins de protection !

Depuis 2016, tous les salariés du secteur privé doivent être couverts par une assurance complémentaire privée. Il aura fallu dix ans pour que les fonctionnaires de l’Education Nationale puissent en bénéficier.

Bonne nouvelle pourrait-on croire, mais en réalité ce « cadeau Â» fait aux personnels de l’Education Nationale est en fait un nouveau coup porté à leur pouvoir d’achat, en constante baisse selon un rapport du Sénat datant de 2021, « en euros constants, les enseignants français ont perdu entre 15% et 25% de rémunération au cours de ces 20 dernières années Â».

En 2024 l’Education Nationale lance enfin son appel d’offre. 

La MGEN, en partenariat avec la CNP pour la partie prévoyance, est la seule mutuelle à se porter candidate, c’est donc sans surprise qu’elle remporte le contrat. C’est un soulagement pour une MGEN, exsangue (800 emplois supprimés en 2022) qui  aurait dû faire face à la perte d’une partie de ses 2 millions d’assurés (4 millions avec leurs familles).

La PSC obligatoire entrera en vigueur en mars 2026. 

L’Education Nationale lance la campagne d’adhésion selon le calendrier des zones académiques des vacances scolaires. Ainsi, depuis quelques jours, les enseignants de la zone A prennent connaissance des conditions de ce contrat et en informent leurs collègues du reste de la France. Ils découvrent également un simulateur qui leur permet de connaître le montant de leurs cotisations et les taux de remboursement. 

« Moins bien et plus cher » c’est le commentaire que l’on retrouve sur les réseaux sociaux où les enseignants sont nombreux à exprimer leur colère. 

Concrètement, de quoi s’agit-il ? Pour un couple avec deux enfants, il en coutera entre 218 euros (pour la formule socle, la plus faible) et 280 euros pour l’option 2. Pour certains personnels, déjà affiliés à la MGEN, le nouveau dispositif entraînera un coût supérieur, et ce, malgré la participation financière de l’employeur !

Au delà de ce coût élevé d’adhésion, il convient également de se pencher sur les remboursements : 50 euros pour une monture de lunettes, un forfait lentilles de contact annuel de 100 euros, 200 euros pour une couronne sur implant (prix réel de 500 à 1200 euros),…

Une dérogation devrait être accordée à celles et ceux qui bénéficientde la mutuelle de leur conjoint salarié du privé, souvent plus protectrice et bien moins coûteuse. 

Faute de pouvoir bénéficier de cette dérogation, et afin de conserver une protection santé décente,  certaines familles se verront contraintes de cumuler la formule socle de la MGEN avec leur ancienne mutuelle, une double cotisation qui alourdira considérablement leur budget.

Un sentiment d’injustice grandit chez les enseignants qui découvrent également que les fonctionnaires de la Police Nationale ont obtenu auprès de la MGEN des conditions bien meilleures : des frais d’adhésion moins élevés et de meilleurs remboursements (les frais d’orthodontie remboursés par la Sécurité Sociale, seront pris en charge à 300% de la BRSS pour l’Education Nationale contre 450% de la BRSS pour la Police Nationale).

En définitive, la mise en place de la PSC obligatoire dans l’Éducation Nationale, présentée comme une avancée sociale, s’avère être une nouvelle mesure défavorable pour ses personnels. Sous couvert d’égalité de traitement avec le secteur privé, c’est une nouvelle baisse du pouvoir d’achat qui se profile pour des agents déjà en première ligne de la crise du service public.

Leslie THEIL-VERIN, SFA au débat d’idées – Transformation et modernisation

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